Opération “Bennes volontés” à l’Union

9h30 Vincent l’initiateur de « Bennes volontés » nous explique qu’il ne peut pas supporter l’existence des bidonvilles. Cela tombe bien, 35 bonnes volontés sont dans le même état d’esprit. En quatre heures le bidonville du boulevard des Couteaux à Roubaix/Union est nettoyé ; les ordures ménagères d’un côté, les ossatures des baraques rasées par la SEM regroupées et les alentours du camp nettoyés sauf un espace grillagé dont nous n’avions pas l’accès. J’ai travaillé plus particulièrement en équipe avec Claude et une jeune fille (elle fait partie des jeunes comme nous les aimons). Au-delà de cette équipe, j’ai rencontré des gens généreux avec qui on se sent bien.

J’ai pourtant des réflexions de fond à émettre et des idées à proposer.

Diversité. Nous vantons à Roubaix toute la richesse de notre diversité. Or voici deux fois de suite que je ne retrouve pas cette diversité dans les proportions de notre population là où elle devrait faire corps. La première fois c’était dans la défense de la libre expression ; manifestation appelée « Je suis Charlie ».

L’émulation.

Je n’ai pas pu former comme je le souhaitais un binôme avec un jeune garçon ou une jeune fille du bidonville, faute de combattant. Pourtant, j’aurais aimé pouvoir l’écouter et à mon tour lui dire que même pauvre, très pauvre il ou elle avait une partie de son destin en main.

L’audace

La SEM doit-être condamnée pour avoir détruit des baraquements sans emporter les décombres. Par contre, je suis resté perplexe quand je ramassais : tasses, vêtements, couches, sacs, boîtes de conserve, bouteilles, en un mot toutes sortes d’ordures ménagères ; cet étalement n’était plus de la responsabilité d’autrui. C’est aux habitants du camp de nettoyer leurs déchets au quotidien ; la seule façon pour eux d’être respectés et de gagner le soutien des populations. Il faut oser leur dire que les rats n’envahissent pas leur campement par hasard. Plus il y a de détritus éparpillés, plus il y aura de rats et plus ils seront rejetés par la population qui ne verra plus l’être humain mais seulement les nuisances qu’il provoque.

L’accompagnement

J’ai trouvé trop de vêtements en bon état abandonnés au sol. Ils ne demandaient qu’à être lavés. Mais comment le pourraient-ils ? L’idée serait de les accompagner une fois par semaine dans un lavorama. Et pourquoi ne pas leur offrir un peu de douceur en leur ouvrant une fois par semaine le local de douches d’un ensemble sportif ou autre. Je suis disponible pour prendre une famille en charge pour ces deux propositions.

Les pouvoirs publics

Ils ne sont pas tenus de favoriser la multiplication des bidonvilles sur notre territoire mais pour ceux qui s’y trouvent ils ne peuvent pas ignorer que ce sont des êtres humains qui y vivent. La dignité l’exige. Reste à déposer une benne et à la vider régulièrement en tout cas avant qu’elle ne déborde. Pour le reste la seule action valable c’est d’aider ces populations dans leur pays et de n’accueillir chez nous que ceux à qui nous pouvons offrir un travail et un logement. Faute de quoi nous ajoutons la misère à la misère et nous ouvrons un boulevard aux mafiosi. Aujourd’hui, que peut encore faire le maire dans une ville où nous sommes au point de rupture devant toute la pauvreté qui s’y accumule ? Une chose qui ne l’engage pas bien loin : envoyer dès mardi le camion grue de la ville enlever ce que les bénévoles ont regroupé, il y a 6 à 8 allers et retours d’un camion de 10 tonnes à prévoir. Ce serait un geste positif vis-à-vis des 35 bénévoles qui lui ont nettoyé les alentours du camp. Je lui en ai fait la demande par courriel dès samedi après midi. Affaire à suivre.

L’association de soutien à l’opération « Bennes volontés »

Elle pourrait retourner dans 15 jours sur place. Si tout est resté net c’est un gage de sursis à faire valoir pour stopper l’expulsion sans issue. Si c’était à nouveau sale, recommencer l’opération « bennes volontés » en insistant lourdement pour que cette fois tous les occupants valides du camp soient présents, notamment les jeunes et leur expliquer que s’ils ne se prennent pas en main sur ce qui est à leur portée il ne sera plus possible de se dresser contre leur expulsion.

Aujourd’hui, c’est Pâques, la fête de la lumière, si elle pouvait nous éblouir individuellement de générosité…

Philippe Delannoy

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