Régionales « imbroglio » – Vu de ma lucarne

Voilà où nous a mené « la dictature de la pensée » entretenue par toute une partie de la classe politique en collusion avec une bonne partie des journalistes de la presse écrite, radiophonique et télévisée. Il fallait absolument mettre au pilori ou ignorer tous ceux qui ne pensaient pas comme la « classe noble ».

Pour justifier mon accusation, hors des passions actuelles des Régionales, je prendrai la mésaventure récente de Philippe Verdier, chef de service à météo France 2. Il a osé quelques critiques sur la COP21 dans son ouvrage argumenté « Climat investigation » ; il en a perdu son job (licencié par la direction de France 2). Les télévisions ainsi que la presse écrite ont pratiquement passé sous silence cette affaire. Personne n’a pensé à ouvrir le débat et à confronter les idées. Il a été mis au pilori par la « classe noble » parce qu’il n’était pas dans l’air du temps.

Ainsi, pendant des années la « classe noble » s’est contentée de mettre au pilori les électeurs du Front National sans se poser la question de la progression constante de ce parti dans l’opinion. C’est-à-dire sans aller chercher le pourquoi. Première erreur que l’on traîne depuis les années 1980. Il s’y ajoute depuis les années 2000 les déchirements au sein des partis politiques dominants.

Maintenant c’est l’imbroglio partout :

• La gauche est déchirée en trois groupes : les souverainistes, les pro-européens « social-libéral », les marxistes.
• La droite assez unitaire sur le plan économique se déchire aussi en deux groupes : les pro-européens, les souverainistes.
• L’extrême gauche s’étiole, elle a perdu ses troupes sincères depuis qu’elles ont compris que Lénine, Trotski et Staline étaient avant tout des dictateurs sanguinaires au projet économique irréaliste dans le monde des humains.
• L’extrême droite pendant ce temps a surfé intelligemment sur les mensonges répétés de la classe politique dominante et les lacunes d’une Europe inachevée (la monnaie unique est inopérante parce que la fiscalité n’est pas cohérente entre les États, la politique étrangère de l’Europe a 28 facettes, la défense est à fragmentation, la frontière des 28 est une passoire.…). Ces méfaits lui ont permis de s’attirer des citoyens qui n’en peuvent plus : mensonges, afflux non régulé d’immigrés à qui nous n’avons rien à offrir de décent, prosélytisme religieux qui les agace. Ils ne sont pas forcément des experts en économie aussi ils mesurent mal les inepties du programme du Front National à ce sujet. Les plus jeunes n’ont pas conscience que ce parti a encore à sa base un certain nombre de personne pour qui le rejet de l’autre est viscéral.

Tout doucement nous allons vers des désordres de plus en plus graves.

C’est évident,  la gauche et la droite telles quelles se présentent  à nous, c’est dépassée. Place aux idées. La classe politique doit rebattre les cartes, proposer quelques choses de nouveaux. Pourquoi ne pas partager une partie de notre souveraineté avec les autres États de l’Union européennes afin d’achever le travail commencé. Pourquoi ne pas réaffirmer et appliquer sans ambiguïté les bases de la République française (la séparation du religieux et de l’État) tout en vendant le concept à nos partenaires.

En attendant, il faut aller voter dimanche. Pour ce qui me concerne c’est clair, les extrêmes c’est non, le vote blanc peut-être ; mais il n’aura de poids que s’il prenait des proportions spectaculaires et c’est peu probable. Dans tous les cas, je n’oserais pas piétiner cette liberté qui m’est offerte, elle s’appelle « le droit de vote ». Dans ma mémoire reste gravé ceci : « Je n’avais pas encore 5 ans, j’ai le souvenir d’une femme de 41 ans toute radieuse, pour la première fois elle pouvait voter. C’était en 1945. C’était ma mère. »

Philippe Delannoy, le 10 décembre 2015

Je n’avais que 5 ans, j’ai le souvenir d’une femme radieuse de 41 ans. Pour la 1ère fois, elle pouvait librement voter. C’était ma mère. Allez-vous oser dimanche piètiner cette liberté?

Bien sûr tout serait plus simple si tous les musulmans de France réagissaient comme Akim Bouchmella, https://www.youtube.com/watch?v=fkD_XuQJw3g . Je vous laisse écouter.

Tous ne le disent pas de façon aussi imagée mais beaucoup y compris quelques Imams prennent des positions sans ambigüité. Ils exhortent leurs frères de religion d’accepter les lois, l’art de vivre  européen et français. Au journal parlé nous avons même entendu un Imam ajouter à la fin de son prêche : » … et s’ils ne veulent pas qu’ils quittent la France… ».

Il est clair qu’un grand nombre de musulmans européens est meurtri du fait que les assassins psychopathes de Daesh et leurs compères de Boko Haram, d’AQMI … se réfèrent à l’Islam pour revendiquer l’assassinat à l’aveugle d’une jeunesse qui chante, rit, aime la musique, la fête et défend l’égalité des sexes.

Malheureusement, même si on le déplore ces fous s’emparent du Coran pour justifier leurs actes. C’est aussi absurde que le massacre de la Saint Barthélémy en 1572 ou l’émeute de 1969 en Irlande du Nord qui opposaient des catholiques aux protestants. Dans ces deux cas aussi la religion était utilisée pour asseoir un pouvoir temporel.

Que peuvent faire les musulmans européens et français qui refusent l’amalgame avec les musulmans de Daesh ? J’en discutais avec mon entourage : des français de religion musulmane et chrétienne mais aussi des athées. Voici leurs attentes :

• Que les médias et les réseaux sociaux reprennent les prêches des Imams qui se sentent d’abord européens et français avant d’être musulmans. Ceux qui considèrent que les religions font parties de l’intime (Tareq Oubrou ou Hassen Chalghoumi par exemple), mais aussi les messages tels que celui de Akim Bouchmella :
•  https://www.youtube.com/watch?v=fkD_XuQJw3g
• Que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) puisse nous dire à quelle lecture du Coran traduit en français nous devons nous référer. [Chaque musulman semble avoir sur le Coran sa propre interprétation notamment sur l’égalité entre la femme et l’homme, la charia, l’ouverture aux autres religions et leur reconnaissance dans les pays islamiques.]
• Que les mosquées sur le continent européen ne soient plus marquées de l’empreinte des pays étrangers. [L’un des participants soulignait qu’il avait été frappé lors d’une visite d’une mosquée dans le quartier nord de Roubaix par le fait qu’une fois dans les lieux de prière la présence du drapeau national d’un pays méditerranéen était omniprésent et que l’Imam transfuge de ce pays commençait seulement à apprendre notre langue !]
• Que les Imams demandent à leurs fidèles d’abandonner dans la sphère publique le port de vêtements religieux (niqab, burka, jilbad, abaya, hijab, quamis) d’autant que le Coran se limite seulement à demander une tenue correcte. Ces tenues qui se focalisent sur une religion sont malheureusement imposées dans le califat de Daesh. Éviter de les porter serait un geste visible pour se désolidariser une fois pour toutes de ceux qui dénaturent l’Islam. [A ce sujet l’article de Nord Éclair du 23 novembre,  « Deux mères racontent comment tout a basculé », donne du sens à cette attente. En effet, Lydie et le centre national d’accompagnement familial témoignent que les filles avant de partir en Syrie sont toutes passées par le port des vêtements islamiques repris ci-dessus.]

Rien n’est perdu, écoutons ensemble une dernière fois le jeune musulman Akami et les dernières prêches des Imams progressistes. Comme c’est réconfortant en particulier pour notre jeunesse.

« Ouvrez la cage aux oiseaux », partagez…

Philippe Delannoy